Crise de la science pour les nuls

Publié le par BlindBlack

L'orientation sexuelle programmée

La tête d'une mouche

Photo: N. Franceschini, CNRS

Un insecte au comportement sexuel génétiquement modifié a été créé par des chercheurs suisses.

Une équipe de l'Université de Lausanne a créé une mouche drosophile qui est attirée indifféremment par des mâles ou des femelles.

Dans la nature, ces mouches mâles courtisent très rarement leurs congénères masculins. Cependant, selon le Dr Yael Grosjean, l'introduction d'un gène modifié favorise le comportement homosexuel en réduisant le taux de glutamate à l'extérieur des neurones qui déterminent le comportement homosexuel.

Obtenue par la mutation d'un gène en laboratoire, cette raréfaction du glutamate provoque une augmentation des récepteurs de glutamate chez la mouche. Cette dernière perçoit ainsi les phéromones de ses partenaires d'une façon beaucoup plus vive au point de courtiser mâles et femelles sans distinction.

Les chercheurs ont pu observer des mutants masculins rassemblés en ronde amoureuse les uns derrière les autres.

Cet effet peut être obtenu par modification génétique ou pharmacologiquement, estiment les chercheurs.

Le phénomène est réversible, ce qui suggère que l'homosexualité n'est pas fixée une fois pour toutes. — Dr Yael Grosjean

Ainsi, selon le Dr Yael Grosjean, l'expérience suggère une nouvelle façon de considérer les mécanismes moléculaires et cellulaires orientant le choix du partenaire sexuel.

On peut envisager que des mécanismes similaires existent pour d'autres espèces, chez les mammifères, et pourquoi pas chez l'homme. — Dr Yael Grosjean

Dr Yael Grosjean Chercheur au Centre intégratif de génomique de l'Université de Lausanne (UNIL) RAPPEL DES FAITS Le Centre intégratif de génomique de l'UNIL a produit une drosophile sexuellement hyperactive qui permet de mieux comprendre les mécanismes orientant le choix du partenaire sexuel

Des chercheurs suisses ont créé une mouche drosophile mâle génétiquement modifiée pour être attirée indifféremment par des mâles ou des femelles. Objectif : mieux comprendre le mécanisme de l'homosexualité.

A l'état sauvage, les mouches drosophiles mâles courtisent très peu leurs homologues masculins mais les chercheurs ont introduit un gène modifié qui "potentialise le comportement homosexuel", a expliqué le Dr Yael Grosjean, chercheur au centre intégratif de génomique de l'Université de Lausanne. Ce gène agit "en réduisant le taux de glutamate à l'extérieur des neurones qui déterminent le comportement homosexuel", précise le chercheur. En revanche, les scientifiques ne sont pas intervenus sur un autre groupe de neurones déterminant le comportement hétérosexuel. Résultat : les mouches objets de l'expérience "courtisaient mâles et femelles sans distinction".

"Ronde amoureuse"

"La recherche a ainsi montré des mutants masculins rassemblés en ronde amoureuse les uns derrière les autres", a indiqué le Dr Grosjean. "Cet effet est obtenu aussi bien par modification génétique que pharmacologiquement" [par l'action des médicaments, NDLR], selon le scientifique. "Le phénomène est réversible, ce qui suggère que l'homosexualité n'est pas fixée une fois pour toutes", a-t-il souligné, qui évoque "une nouvelle façon de considérer les mécanismes moléculaires et cellulaires orientant le choix du partenaire sexuel".

"On peut envisager que des mécanismes similaires existent pour d'autres espèces, chez les mammifères, et pourquoi pas chez l'homme", a affirmé le chercheur lausannois. "La présence de ce groupe de neurones déterminant un comportement homosexuel explique que le comportement homosexuel est détecté dans toutes les espèces", pour le Dr Grosjean. "Comme le comportement homosexuel potentiellement présent dans ces neurones n'est pas exprimé chez tous les individus, ce groupe de neurones a pu se transmettre en dépit de son caractère contre-productif du point de vue de la perpétuation de l'espèce", a-t-il encore expliqué. Et d'ajouter : "Cependant le caractère hétérosexuel est privilégié par l'évolution et l'homosexualité n'est en générale que latente". L'expérience, menée avec des chercheurs de l'Université de Bourgogne (CNRS de Dijon) et de l'Université de l'Illinois à Chicago, fera l'objet d'un article publié dans la revue Nature Neuroscience.

D'après agence 

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